10 choses à connaître pour un retour en France en 2023

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Après deux années difficiles de crise sanitaire – toujours en cours dans certaines régions du monde, la situation revient à un calme relatif en ce qui concerne la mobilité internationale. Il est désormais possible de planifier son retour dans les conditions habituelles (avec, en tous cas, le souci du pass sanitaire et des certificats de vaccination en moins). Le retour demeure une étape importante et souvent négligée de toutes les expériences (im)migratoires, qu’elles soient étudiantes, professionnelles, touristiques ou d’une autre nature. Il est très important de bien vous préparer, plusieurs mois avant le retour, afin de bien maîtriser les conditions de ce dernier. Voici nos recommandations pour un retour réussi en 2023 !


1. Sécurité sociale : état d’urgence sanitaire et délai de carence

La loi sur l’état d’urgence sanitaire avait permis d’annuler, durant le temps de la crise du COVID-19, la carence de trois mois que subissent les Français lorsqu’ils reviennent vivre en France après une expatriation. L’état d’urgence étant désormais fini, la carence a malheureusement été rétablie. Cela signifie que les personnes de retour qui ne travaillent pas au moment de leur retour, et qui ne peuvent pas bénéficier de dispositifs de transfert des droits (il existe des transferts de droits depuis les pays de l’UE et le Québec), qui ne bénéficient pas de la CFE, et/ou qui ne nécessitent pas de soins médicaux critiques ne pouvant être interrompus (traitements lourds) se voient dans l’obligation d’attendre trois mois entre la date du retour et la date de demande d’ouverture des droits.


Si vous avez un emploi en France, cette carence ne s’applique pas car vous cotisez à l’assurance maladie après quelques jours travaillés seulement. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter cette page officielle du site Service Public ainsi que notre article sur la carence de trois mois.


2. Sécurité sociale : viva la PUMA !

Depuis 2016, la protection universelle maladie (loi PUMA) permet à toute personne résidant en France depuis au moins trois mois de bénéficier de la sécurité sociale de base, quelle que soit sa situation familiale ou professionnelle.
Pour demander la réouverture de vos droits, il suffit d’envoyer un formulaire à la CPAM de votre nouveau lieu de résidence, avec l’ensemble des pièces justificatives demandées.


Pour en savoir plus, consultez cette page du site Service Public qui mène au formulaire de demande d’ouverture des droits, et notre article consacré à la ré-affiliation à la sécurité sociale lors du retour en France.


3. Logement et aides sociales

Le logement est le point le plus critique du retour. Seules les personnes déjà propriétaires avant leur départ ont la possibilité de réintégrer aisément leurs pénates, tandis que pour tous les autres c’est la course à la location qui commence, véritable parcours du combattant quand on ne dispose pas encore de CDI en France (emploi permanent) puisque tous les bailleurs demandent des revenus stables et l’historique des fiches de paie. Il n’existe malheureusement pas de solution miracle à ce problème, si ce n’est l’anticipation, la préparation et/ou le recours à une agence de relocation pour qui en a les moyens.

Sachez qu’il existe des dispositifs d’aide tels que VISALE, ainsi que la possibilité, une fois installé, de demander les aides au logement. Pour en savoir plus, consultez cette page du site Service public sur les APL (aides personnalisées au logement) et cette autre page sur le service de la garantie VISALE.


4. Impôts: comment faire l’année du retour ?

Si vous perceviez des revenus de France quand vous résidiez à l’étranger, vous dépendiez du service des impôts des particuliers non-résidents. Il suffit d’adresser à ce service votre déclaration l’année du retour, ce dernier se chargera de transmettre votre dossier au service des impôts de votre nouveau domicile en France.
Pour les personnes qui percevaient des revenus de source étrangère, il suffit l’année du retour de déclarer :

  • Vos revenus de source française imposables en France, perçus du 1er janvier 2022 jusqu’à la date de votre retour en France
  • Vos revenus perçus de la date de votre retour en France jusqu’au 31 décembre 2022

Si vous possédez des comptes ouverts à l’étranger, il faut penser à la déclarer également, en même temps que votre déclaration de revenus. Pour plus d’informations, vous pouvez visiter cette page du site Service Public sur les impôts lors du retour d’expatriation ainsi que notre article de blog dédié.


5. Le retour à l’école des enfants

La procédure d’inscription à l’école en France (école maternelle, primaire, collège ou lycée) dépend du type d’établissement dans lequel le ou les enfants ont été scolarisés à l’étranger. Si l’enfant était scolarisé dans un établissement français à l’étranger, il suffit juste de faire un changement de domicile (comme si vous aviez déménagé entre deux régions de France).

Si votre enfant était inscrit dans un établissement local, il faut prendre contact avec le(s) école(s) de votre choix en France afin de connaître les modalités d’évaluation et d’inscriptions. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur cette page du site Service Public pour l’école maternelle et primaire, et sur cette page pour le collège et le lycée.


6. Droits au chômage: peut-on les transférer vers la France ?

La possibilité de bénéficier de droits au chômage acquis dans d’autres pays lors du retour en France dépend du pays où vous avez travaillé. Dans l’Union Européenne, il existe en effet des accords qui permettent de toucher le chômage quelques mois après son retour en ayant cotisé ailleurs. Quelques autres pays en dehors de l’UE proposent également ce type de transferts. Il peut aussi être possible de réactiver vos droits (si vous en aviez avant de partir), à condition de ne pas être partis trop longtemps et d’avoir bien déclaré votre départ auprès de Pôle Emploi. Retrouvez plus d’informations à ce sujet sur cette page du site Service Public.


7. Récupérer/Faire rétablir son permis de conduire

Que vous ayez obtenu un permis de conduire à l’étranger, et/ou que vous souhaitiez récupérer votre permis de conduire français après un long séjour en dehors du territoire, les formalités sont semblables. Il existe des différences de procédures en fonction du pays où vous avez séjourné et obtenu un permis, ainsi que certaines conditions à remplir (ne pas avoir été sanctionné par une restriction, une suspension, une annulation ou un retrait de permis en France et dans le pays ayant délivré votre permis étranger…). Retrouvez plus d’informations sur cette page du site Service Public.


8. Et ma vie pro, dans tout ça ?

Poursuite de carrière, bilan de compétence, réorientation professionnelle, le retour est presque toujours associé à une remise en question professionnelle, et/ou lié à une évolution de carrière (nouveau poste ou nouvelle entreprise). Il existe en France de nombreux dispositifs qui peuvent vous aider, soit à reformuler votre CV et à faire valoir vos compétences acquises à l’étranger, soit à créer une entreprise, à trouver un emploi ou à opérer un changement de carrière. La plupart de ces dispositifs sont gratuits (comme ceux de l’APEC ou encore de Pôle Emploi).

Consultez notre article sur retrouver un emploi après le retour en France pour des premières pistes d’orientation.


9. Choc culturel inversé, c’est vrai cette histoire ?

Tout dépend de la durée de séjour à l’étranger et du degré d’identification des personnes à l’autre culture. Les personnes parties plus longtemps, qui se sont davantage intégrées dans leur société d’accueil et qui n’ont pas maintenus beaucoup de liens avec la France peuvent éprouver une réacclimatation plus difficile, ou tout simplement prendre la mesure de leur propre évolution au contact de leur culture d’origine. Le retour est presque toujours marqué par un moment d’inconfort culturel (du moins au début) qui peut ou pas se prolonger au-delà des quelques mois ou années nécessaires à la reconstruction de repères. Les émotions sont parfois très fortes, accentuées par la dimension très sensorielle du changement d’environnement (langue, pays, nourriture, paysages, climat), parfois marquée par le manque de cet environnement quitté ou par des difficultés à voir son expérience ailleurs reconnue et entendue par son entourage, par de potentiels employeurs, etc. Un travail de réinvention, repositionnement de soi est à opérer.

Si l’état de mal-être est très fort et se prolonge jusqu’à devenir handicapant, il est utile de faire appel à un thérapeute spécialisé. Nous proposons un annuaire de professionnels que vous pouvez contacter ici (téléchargement gratuit). Cet annuaire sera mis à jour sous peu en 2023. Voir aussi nos articles sur le burn-out au retour et la dépression post-retour pour plus d’informations. N’hésitez pas aussi à poser vos questions sur notre groupe d’entraide.


10. Quelles trajectoires post-retour ?

Faut-il plutôt rentrer dans sa région d’origine, ou en profiter pour en changer ? Quelles évolutions professionnelles, familiales, personnelles à l’occasion du retour ? Nous avions mené en 2019 une enquête sur le sujet très peu documenté des trajectoires post-retour en France que vous pouvez retrouver en ligne sur notre site. Ces trajectoires sont très mal connues en raison du manque d’outils statistiques nationaux sur les questions de mobilité internationale, due à la manière dont l’administration est encore divisée entre des institutions dédiées aux Français « de l’étranger » et les institutions dédiées… à tous les autres !

Ces problèmes d’invisibilité dans la statistique publique ont été signalé à de multiples reprises (rapports des sénatrices Conway-Mouret et Genetet au Premier Ministre en 2015 et 2018), et sont malheureusement restés sans effet sur le plan politique depuis.


Enfin, n’oubliez pas qu’il existe des outils en ligne pour vous aider pour l’ensemble de vos formalités administratives, dont le simulateur « Retour en France » qui vous permet d’obtenir une feuille de route complète pour votre retour et celui de votre famille.
Notre guide du retour est également une synthèse utile pour vous accompagner, aussi bien sur les aspects psychologiques, qu’administratifs et professionnels du retour.

Et surtout, welcome home 😊😊😊 !

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