L’expatriation, c’est pas des vacances !
De nombreux tabous subsistent autour du burnout, qui plus est en expatriation.
Plus exposés que la moyenne, les expatriés, qu’ils soient envoyés par une entreprise francaise ou partis par eux-mêmes en contrat local, sont sollicités sur tous les fronts de manière quotidienne et intense. De nombreux retours sont ainsi la conséquence directe d’un surmenage professionnel qui devient difficile à gérer à l’étranger, même si les liens de cause à effet entre burn out et retour d’expatriation sont encore peu documentés.
Le burnout est un état de fragilité nerveuse et émotionnelle, et vivre un retour d’expatriation précipité dans cet état peut être une épreuve difficile. Il est important de savoir que c’est un phénomène qui touche des milliers de personnes, face auquel il faut être très attentif car le soutien de l’entourage est capital.
Le burn out : c’est quoi ?
On entends de plus en plus parler de burn out en France, le sujet devenant incontournable dans notre société où un tiers des travailleurs y seraient exposé. Le burn, ou syndrôme d’épuisement professionnel se caractérise par une immense fatigue, une lassitude, une tension nerveuse forte (sautes d’humeur, dépression, irritabilité), un enfermement complet dans le travail (isolement social, arrêt des activités de loisir), une incapacité à réfléchir et à accomplir ses tâches, le tout s’accompagnant d’émotions négatives fortes telles que la culpabilité, le sentiment d’échec, le sentiment d’impuissance ou le syndrôme de l’imposteur (se sentir toujours illégitime dans son poste et dans son rôle).
Comme tout état psychologique dépressif, le burn out rend la personne très vulnérable aux agressions extérieures, telle qu’une hiérarchie autoritaire ou harcelante (cause de plus de la moitié des burn out en entreprise), un manque de reconnaissance au travail, la pression familiale, ou même les tensions au sein du couple (le conjoint qui réclame plus d’attention, qui demande à l’autre de ralentir au travail, et ce dernier qui se braque et refuse…). L’effet pervers de cette maladie est que la personne en burn out pense qu’elle n’en fait pas assez, puisqu’elle n’obtient pas le résultat qu’elle espère (reconnaissance, approbation, félicitations, ou tout autre objectif imposé). Elle continue donc de travailler au mépris de sa santé, de sa vie privée, et même de son travail puisque cet acharnement a depuis longtemps dépassé le bon sens et le professionnalisme.
Pourquoi les expatriés sont plus exposés au burn out
Le burn out est une situation de solitude et d‘isolement. Il est associé à de trop grandes responsabilités (ou de trop grandes ambitions) pour une seule personne qui ne maîtrise pas toutes les compétences nécessaires, ou qui doit gérer trop de tâches à responsabilité en même temps, mais aussi à un défaut du management qui n’a pas alloué suffisamment de ressources pour effectuer les tâches. Une personne en burn out peut rarement se sortir seule de son état, surtout si son environnement de travail et sa hiérarchie ne sont pas bienveillants. Il faut une prise de conscience pour que la personne admettre être dépassée, surmenée ou tout simplement ne pas aimer ce qu’elle fait. Il s’agit aussi de reconnaître objectivement que la situation est impossible (trop de charge de travail, pas assez de temps ni de moyens), face à laquelle personne ne pourrait y arriver. Il s’agit donc de se déresponsabiliser.
En expatriation, l’isolement est accentué, surtout au travail. On est hors de sa zone de confort culturel, il faut faire des efforts chaque jour pour s’adapter aux procédures, à la langue, à la culture, aux réactions parfois déroutantes de ses collègues et de sa hiérarchie. Les expatriés détachés par une entreprise francaise ne sont pas à l’abri, au contraire. La direction ne connait les problématiques locales que “de loin”, et ne se préoccupe pas trop de savoir si l’expatrié a toutes les ressources qu’il faut pour s’en sortir. A cela s’ajoute le fait qu’une expatriation est souvent l’occasion de prendre des postes avec plus de responsabilités : une fois la “promotion” obtenue, l’expatrié va aller au bout de lui même pour la mériter, même si finalement il la regrette peut-être jour après jour.
Les risques de surmenage sont donc plus importants pour les expatriés, moins rassurés par les limites d’un encadrement normé et culturellement conforme à leur éducation. Se retrouver en compétition avec des locaux qui ont un tout autre rythme de travail est aussi un facteur de risque, surtout dans les pays en pleine explosion économique (grandes métropoles asiatiques, pays arabes) et dans les pays où l’exigence de performance et d’efficacité est grandement supérieure (Japon, Etats-Unis, Chine, etc.). Difficile de faire reconnaître le burn-out par sa hiérarchie quand on ne travaille “que 70 heures par semaine” quand tout le monde autour de soi en fait 90 sans broncher.
Les personnalités ambitieuses, qui travaillent dur et sont perfectionnistes, sont naturellement plus sujettes au burn out. Ils ne se contentent jamais de faire simple, et c’est dans leur nature de dépasser chaque fois les attentes de la hiérachie. Or, ces personnalités travailleuses, curieuses et ambitieuses se retrouvent souvent chez les populations expatriées.