Retour subi, retour choisi

par | Fév 10, 2017

Subi ou choisi :  une différence de taille

La manière d’aborder son retour en France dépend grandement des conditions de ce retour : s’agit-il d’une décision “coup de tête”, d’un retour précipité suite à un problème de visa ou une urgence familiale? Revenez-vous parce que votre conjoint a été muté et que vous le “suivez”? Ou ce retour est-il le fruit d’une décision mûrement réfléchie que vous assumez parfaitement? Comme toute transition importante de la vie, le retour a un fort impact psychologique sur les individus, les couples et les familles.

Un retour subi et précipité cause une blessure qui peut mettre beaucoup de temps à cicatriser, tant les regrets et la nostalgie peuvent prendre le pas sur le nouveau quotidien. On ne dira jamais assez : le retour d’expatriation est un deuil qui n’a rien d’anodin. C’est la fin d’une vie, d’un environnement, d’un cadre, d’un entourage, d’un aspect de soi-même. Garder le plus possible le contrôle sur son retour (quand, où, pourquoi) permet de rester maître de la situation et de mieux vivre sa réintégration. Dans le cas des familles, où les enfants subissent directement le stress de leurs parents, il est crucial d’en parler longuement avec eux avant le retour et de maintenir un dialogue régulier sur le sujet une fois de retour en France.

La préparation, un facteur clé de réussite

Un retour anticipé, choisi et préparé se passe généralement mieux. Tout le monde n’a pas eu la possibilité de prévoir la date exacte de son retour, mais au moins s’y préparer psychologiquement, être le décideur de ce retour et avoir le contrôle sur comment le gérer permet de se sentir beaucoup plus en confiance. Si l’on en croit les chiffres du ministère des Affaires étrangères (page 30), 47% des Francais de l’étranger “ne savent pas encore s’ils vont rentrer ou pas”, 13% veulent rentrer d’ici 2 ans, 10% veulent rentrer d’ici 2 à 5 ans, 7% d’ici 5 à 10 ans et 6% d’ici 10 ans ou plus. Au final, seuls 17% des Francais de l’étranger déclarent fermement ne jamais vouloir rentrer, soit à peine 1 sur 5.

Si l’on se fie à ces chiffres, assez peu représentatifs car, rappelons-le, le gouvernement ne comptabilise que la moitié des effectifs réels d’expatriés (uniquement ceux qui font la démarche de s’inscrire sur les listes consulaires), on voit que la grande majorité des retours sont anticipés au moins de deux ans. C’est comme si, pratiquement dès le départ, la question du retour s’inscrivait en suspens dans nos têtes, pour s’imposer un jour ou l’autre comme une décision à prendre. Elle apparaît donc rarement comme une surprise, même si l’avoir prévu ne permet pas toujours d’éviter certains écueils. La pression familiale ou du conjoint peut aussi parfois nous convaincre que nous sommes prêts à rentrer, “parce qu’il le faut”, ou “parce que tout le monde le veut”, alors qu’au fond on ne se sent pas prêt. Un retour en décalé est parfois une solution d’apaisement quand le décalage d’appartenance est fort au sein des membres de la famille (différents degrés d’ancienneté dans le pays, différents niveaux d’implication culturelle, etc.).

Retour subi : comment se remettre en selle

Vous êtes rentré(e), un peu vite, un peu à contre coeur, par obligation familiale, médicale ou légale?

Un retour subi, comme toute rupture brutale qu’on a pas voulu soi-même, est toujours plus lourd à porter. Il est associé à un fort sentiment d’arrachement, comme si une partie de votre vie vous avait été dérobée. Il est crucial de ne pas sous estimer la difficulté de ce que vous traversez, et de ne pas se sentir coupable de ressentir tout cela. C’est tout à fait normal, l’être humain n’est pas fait pour s’adapter en un jour d’un environnement à l’autre. Il y aura un très important travail de deuil à entreprendre pour être en paix avec vous même, le passé, le présent et l’avenir. Des psychologues peuvent vous y aider.

Les conseils de base sont les mêmes que pour toute personne traversant une période stressante ou difficile : ne pas se fixer des objectifs trop ambitieux trop vite (prendre un poste de haut responsable tout de suite en rentrant n’est pas toujours la bonne solution), prendre beaucoup de temps pour soi (faire du sport, passer du temps dans la nature, créer, écouter de la musique…), consulter un thérapeute sans attendre (psychologue, psychiatre), se récompenser fréquemment, se faire de petits plaisirs simples tous les jours (un massage, un bon repas, une heure au spa, un bon film, de nouveaux habits…), limiter les expositions aux ambiances et aux personnes stressantes ou négatives. Mieux vaut être un peu seul que mal accompagné, d’autant plus lorsqu’on a besoin de travailler sur soi.

Cette période de renouveau complet est un terreau fertile pour construire votre avenir. Désormais, malgré ce retour un peu brutal, vous savez sans aucun doute mieux qui vous êtes et ce que vous voulez faire aujourd’hui. Là encore, n’hésitez pas à vous diriger vers un professionnel compétent de l’accompagnement pour expatriés qui sera votre allié pour construire un projet de vie motivant dans lequel vous vous retrouvez pleinement.

 

Le Guide du retour en France

Retrouvez l’ensemble de notre expertise sur le retour en France (administration, emploi, psychologie, citoyenneté, et bien plus) dans notre ouvrage de référence : le Guide du retour en France. Plus de deux-cent pages, remis à jour chaque année depuis sa création en 2016. Par Anne-Laure Fréant, fondatrice de Retourenfrance.fr et consultante pour le Ministère des Affaires Etrangères.

L’annuaire de praticiens

Depuis le début de l’année 2017, nous compilons les recommandations de personnes revenues en France ayant fait appel à des professionnels du soin psychologique ou médical. Un annuaire est disponible en téléchargement gratuit sur notre site pour vous aider à trouver la bonne ressource.